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Giuliano da Empoli : « La formule des ingénieurs du chaos est toujours la même : la colère et la frustration, démultipliées par l’algorithme »
Olivier Dangla Giuliano da Empoli : « La formule des ingénieurs du chaos est toujours la même : la colère et la frustration, démultipliées par l’algorithme » Publié aujourd’hui à 17h00, modifié à 17h10 Article réservé aux abonnés EntretienAuteur de « L’Heure des prédateurs », l’écrivain italo-suisse analyse, dans un entretien au « Monde », la responsabilité des progressistes dans l’avènement de dirigeants autoritaires armés par les potentats du numérique. Professeur à Sciences Po et auteur du Mage du Kremlin (Gallimard, 2022), Giuliano da Empoli vient de publier L’Heure des prédateurs (Gallimard, 160 pages, 19 euros), une réflexion sur l’ère des nouveaux autocrates alliés aux magnats de la tech. Il faut dire que Giuliano da Empoli est un ancien converti, depuis repenti, de la tech : au début des années 2000, il croit que le numérique va changer la vie démocratique et balayer le vieux monde hiérarchique. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans « L’Heure des prédateurs », Giuliano da Empoli analyse le fonctionnement des « seigneurs de la tech » Séduit par la rhétorique de la « start-up nation », il s’engage alors auprès d’un politicien italien « disruptif », Matteo Renzi : il devient son adjoint aux affaires culturelles à Florence, puis son conseiller politique lors de sa présidence du Conseil italien (2014-2016) – une expérience relatée dans Le Florentin (Grasset, 2016). A l’image des militants communistes au XXe siècle, il a suivi, dit-il aujourd’hui, « le parcours classique et initiatique du désenchantement » en une croyance politique. A partir de la réélection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, en 2012, Giuliano da Empoli prend la mesure de la puissance des big data qui se niche derrière le populisme autoritaire de Donald Trump, de Jair Bolsanaro ou de Matteo Salvini : il en décrira les arcanes dans Les Ingénieurs du chaos Féru de Goethe comme de séries, européen convaincu, président du think tank Volta, et « vieil oncle » ou parrain de la revue Le Grand Continent, cet intellectuel italo-suisse apprécie les va-et-vient entre l’écriture et la politique. Il a découvert le versant tragique de cette dernière dès l’âge de 12 ans, en 1986, lorsque son père, l’économiste Antonio da Empoli, fut blessé lors d’un attentat perpétré par une organisation armée d’extrême gauche. Sans doute est-ce à ce moment que Giuliano da Empoli a compris qu’« on souffre tout le temps en politique ». Il vous reste 88.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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